(Bon c'est un peu niais j'avoue, je m'en excuse d'avance >.<) (Je m'excuse aussi pour ce que vont subir vos yeux, mais c’est pas ma faute, scribens marche plus ! D:)


On va tous crever prématurément. C'est drôle parce qu'avant tout ça on avait peur de vieillir, de vivre trop longtemps. Ça nous viendrait plus à l'esprit maintenant, vieillir dans notre monde, ça serait un miracle.
Aujourd'hui tout le monde s’accroche à la vie, pas question de se laisser bouffer par ces saloperies, l'orgueil sans doute. Franchement, j'ai du mal à comprendre, c'est pourtant si évident que nous finirons tous dans la bouche des titans.
Cependant est-ce parce que l'humanité est vouée à son extinction qu'il faut arrêter de vivre comme avant ? L'amour, l'amitié ou simplement le bonheur n'a-t-il plus sa place ici-bas ?
En effet, ils n'ont plus leur place. D'après moi ces sentiments ont disparu, les couples qui se tiennent la main dans la rue sont des menteurs. Ils ne restent ensemble que par intérêt, font l'amour de temps en temps pour tenir éveillé dans ce long cauchemar qu'est la réalité.
Suis-je pessimiste ? Je ne sais pas, tout ce que je sais, c’est que l'on m'a en quelque sorte guéri de ce pessimisme. Pourtant, il est revenu aujourd'hui, comme un chien à qui l'on aurait envoyé une balle et que le fidèle canin aurait rapporté tout sourire. Et cette balle, elle s'appelait Lie.

Il y a trois ans, je me suis engagée dans l'armée. Je n'ai jamais voulu aider l'humanité à gagner contre les titans, je déteste les héros. Je ne me suis pas engagée non plus pour faire plaisir à mes parents, mon père est un ivrogne, il ne saurait même pas me différencier des autres soldats. Quant à ma mère, elle était sûrement en train de me faire un petit frère quand j'ai décidé de partir.
Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi je suis entrée dans l'armée, peut être pour assister à la fin de ce monde, ce serait bien mon genre ça.
Et puis il y a eu cette fille, c'était inattendu. Lie Bodmannn, la plus belle créature jamais créée. Moi qui avais passé des années à me dire que ce monde n'était que laideur et poussière, je voyais pour la première fois quelque chose qui me semblait beau. Elle n'avait pourtant rien de particulier, elle avait des cheveux cendrés coupés court comme un garçon, mais un peu en bataille malgré tout, un visage fin et creusé et des yeux bruns tout à fait banaux. Elle était également très petite ainsi que très mince, ce qui lui donnait un air chétif et assez pathétique quand on y repense.
J'ai souvent passé mon temps à regarder les filles et garçons avant, mais jamais il ne m'avait inspiré autant de fascination.
Je n'aime pas beaucoup l'idée de perdre tous mes moyens pour une personne, j'ai toujours trouvé ça débile de baser sa vie sur quelqu'un d'autre. Pourtant en la regardant, je m'imaginais bien me balader avec elle en lui tenant la main. Le bonheur n'aurait-il finalement pas disparu de ce monde ?
J'ai passé des mois à la regarder sans jamais lui parler. Je n'étais pourtant pas du genre timide loin de là, mais elle me retournait l'esprit.
Et puis un jour, elle est venue me parler, je ne me souviens même plus ce dont nous avons parlé. C'est un comble quand on sait qu'à la fin de cette discussion, nos langues se sont retrouvées dans la bouche de l'autre. Je n'ai vraiment aucun souvenir de ce jour, si ce n'est le goût de sa bouche. Ce fut le début des jours heureux. Toute l'amertume et le pessimisme que j'avais accumulé au cours de mes années d’existence avaient disparu. Nous étions bien ensemble, si seulement cela avait duré...
Il y avait une chose que je ne supportait pas chez elle, elle faisait toujours passer les autres avant elle, même ceux qui nous cracher dessus sous prétexte que nous nous tenions la main.
Mais ce jour-là, cette attitude eut raison d'elle. Foutus titans, foutue gentillesse, foutue vie de merde. Cet enfoiré de titan colossal avait décidé de briser le mur pour faire entrer tous ses copains dans la ville, ravis de pouvoir se remplir le ventre. Je commençais à peine à connaître le bonheur, pourquoi a-t-il fallu que ça se finisse si vite ?
On nous a envoyés sur le front alors que la majorité d'entre nous n'avait jamais vu de titans de leurs yeux. C'était d'une débilité sans nom, certains s’évanouissaient avant même d’avoir vu la gueule de ces monstres, comment pouvaient-ils imaginer que des jeunes recrues avec si peu de force d'esprit pourraient faire avancer la situation ?
Quand je me suis élancée dans les airs aux côtés de Lie et de mon équipe, j'ai senti que ça allait mal finir, j'ai un don pour prédire les mauvaises choses apparemment.
On a parcouru les toits de Trost jusqu'à tomber sur une dizaine de titans agglutinés dans une ruelle. Qu'est-ce que ces cons foutaient là ? Ils avaient toute la ville pour se balader, pourquoi étaient-ils donc tous réunis dans un si petit endroit ? La réponse, on l'a vite comprise nous-même en entendant les cris de nos frères d'armes. En effet, six soldats à terre regardaient les titans avec un visage horrifié.
Lie, je m'adresse à toi, bien que tu ne puisses pas m'entendre de là où tu es. Tu n'as jamais était aussi bête que ce jour-là. Est-ce que tu voulais montrer ce que tu valais aux autres ? Est-ce que tu voulais avoir bonne conscience ? Ou bien était-ce un simple acte de gentillesse ? Tristement, je suis persuadé que c'est la dernière option qui t'a poussée à attaquer ces titans.
J'ai essayé de te retenir, j'ai serrée ton poignet tellement fort entre mes mains, je n'aurais jamais dû le lâcher. Pourquoi m'as-tu lancé ce regard ? Ce regard qui hurlait « Laisse moi y aller, fais-moi confiance, je peux y arriver ! »
Tu le savais bien hein, que je ne résisterais pas à ces yeux. Chaque fois qu'on se regardait dans les yeux, je devais lutter pour ne pas être enivrée par eux. Ils n'avaient rien de spécial, mais ils dégageaient quelque chose d'indescriptible. C'était comme un pendule d'hypnose, on ne pouvait pas y désobéir. Alors j'ai relâché ma prise, tu n'as pas attendu que je reprenne mes esprits et tu es partie à l’assaut.
Et puis je me suis rendu compte de ce que je venais de faire. Je l'avais lâché. C'était comme la balancer aux titans. Elle n'a jamais été très forte au combat, et ça se comprend vu, son gabarit.
Et j'ai crié. Crié à m'en défoncer les poumons. C'était un cri de peur, de regret, de tristesse et d’amertume à la fois. J'allais m'élancer à son secours quand deux membres de notre équipe m’ont empoignés les bras. Ce moment... je ne me suis jamais sentie si pathétique. Des larmes coulaient à flots sur mes joues alors que je la voyais se rapprocher de ces monstres. Je me débattis pour essayer de me débarrasser de ces poignes qui me brulaient la peau. Je leur ai gueulés dessus, balancés les pires insanités que mon vocabulaire puisse permettre. Je les haïssais, qui étaient-ils pour m'empêcher de rejoindre ma bien-aimée ? J'ai souhaité leur mort et ne me suis pas gênée pour le leur dire. Et puis d'un coup, je me suis tue, j'ai stoppé tout mouvement.
Ils l'avaient attrapée. Elle s'était précipitée sur la nuque d'un titan quand un autre attrapa délicatement sa jambe, la faisant basculer la tête en bas. Le géant l'avait amené au niveau de son visage et la regardait avec curiosité. Mais un de ses compères, n'étant pas si patient, arracha le bras droit de Lie pour l’engloutir aussitôt. Une quantité astronomique de sang gicla de la plaie, tandis que son visage se tordit de douleur, laissant échapper le cri d'horreur le plus affreux jamais entendu à ce jour. A l'entente de cette douloureuse plainte, les géants se retournèrent pour profiter de ma petite amie qui leur servait de buffet. Ils se partagèrent son corps, dévorant ses jambes, son buste, son bras... Et quand il ne resta plus assez de chair pour contenter leurs appétit, ils la laissèrent tomber. Je l'ai vue me regarder pour la dernière fois dans sa chute. Son expression était à peine lisible tant le mélange de sang et de larmes recouvraient sa figure. Son visage n'était que souffrance et regret. Dans ses yeux j'ai lu un « Tu avais raison » qui rendu sa mort bien plus insupportable qu'elle ne l'était déjà.
Elle tomba sur le sol et le peu qu'il restait de son corps fut pulvérisé par le pas lourd d'un titan.
Disparu, plus aucune trace de mon bonheur sur cette terre. Putain de titan de merde, putain de monde de merde et putain... Putain de toi.
Je n'ai pas tué un seul titan, je n'en étais pas capable. Mon équipe m'a ramené en lieu sûr avant de repartir au combat. Je m'étais retrouvée seul face à moi même, face à cette triste réalité. J'ai pleuré, beaucoup pleuré. Et j'ai continuée longtemps après la bataille. Je rêvé qu'elle était comme cet enfoiré d'Eren et qu'elle avait survécu.
Et puis je me suis résignée. Après tout, je l'avais toujours pensé, que le bonheur n'existait pas. Et s'il existe, il ne reste jamais bien longtemps. J'ai été débile de croire en cette chaleur agréable dans ma poitrine.
Bodmann ça signifie messager, c'est ce que tu a été.
Lie Bodmann, tu es entrée dans ma vie, pour me rappeler qu'elle ne vaut rien.