Cela faisait un moment que le soleil s'était levé sur le mur Rose, ce dernier faisait régner sur la ville une chaleur étouffante. C'était dans ses quartiers surpeuplés, que la misère avait épousée, que cette chaleur était la plus atroce. Elle se mélangeait à une tension constante, les habitants de ces quartiers n'avaient pas beaucoup d'autres options que l'égoïsme pour subvenir à leur besoin, depuis que les titans avaient attaqué et abattu le mur Maria, même les souterrains semblaient presque pouvoir offrir un meilleur cadre de vie.

Dans ces rues bondées de gens aux regards mauvais, où on entendait des gens crier les éloges des produits qu'ils vendaient. Ce qui était très amusant, c'était qu'il suffisait d'un uniforme marron pour qu'en un instant, les rues se vident entièrement et que toutes ses marchandises soient enfouies sous des draps ou entassées dans des maisons. Il n'était pas non plus très étonnant que ce soit pour les porteurs de ces fameux uniformes ou les habitants de retrouver un cadavre pourrissant dans un coupe-gorge.

Les regards ne cessaient de se défier, sur les fronts la sueur due à la chaleur se mélangeait à celle de la peur d'une dispute avec un inconnu, les pas de chacun étaient prudents, personne ne se faisait remarquer. Pourtant, une petite voix chantonnait, contrastant avec ce brouhaha lugubre. Un jeune garçon gambadait sautillant d'un pied à l'autre, se frayant un chemin et bousculant cette foule inquiète. Sa chevelure blanche virevoltait dans tous les sens, fouettant le visage de ceux qui se trouvait trop près de lui. Sa silhouette longue et frêle, sa peau pâle parsemée de quelques rougeurs à cause des rayons du soleil attiraient les regards, son grand sourire niait, ses traits androgynes et enfantins agacés, ses yeux écarlate dans lesquels brillaient une lueur étrange, effrayés. On ne le connaissait pas bien, on savait juste que c'était lui qui avait survécu à une balle. Ceux qui ne le savaient pas encore observaient généralement son ventre. Dans le cas présent, son torse était recouvert d'un ample tissu noir et d'une chemise blanche ouverte. À chaque mouvement, le tissu se soulevait offrant à ces yeux curieux le spectacle qu'ils recherchaient : cette fameuse cicatrice.

Ce garçon, c'était Wade Nux. Il avait rendu visite à son père un peu avant un procès qui avait eut lieu à cause de ce qu'il s'était passé lors de la précédente invasion de titan. On lui avait laissé la permission de garder son équipement modifié, avec évidemment, énormément de conditions toutes plus contraignantes les unes que les autres. Celle qui l'agaçait le plus restait celle qu'on l'obligeait à vivre dans une caserne du bataillon d'exploration, et donc loin de son père et de ses deux amies d'enfance. Cependant, il avait eut le droit de rendre visite à ces derniers dans la journée qui avait précédé celle-ci. Aujourd'hui, il rendait un dernier service à son père, la chose était, on ne peut plus, simple, c'est pour ça que son père avait cédé aux supplications de son fils. Wade s'en voulait encore pour ce qui était arrivé quelques années plus tôt, il voulait se racheter.

Il s'arrêta enfin devant un établissement destiné à la consommation d'alcool, qu'elles soient illicites ou non. Le bar était à la lisière des quartiers que Wade venaient de traverser, la clientèle savait globalement se tenir, il ne suffisait pas d'une simple insulte pour qu'une bagarre éclate, en théorie. L'albinos plongea ses mains dans le haillon déchiqueté au niveau de ses genoux qui lui servait de pantalon. Il entra dans le bar, à l'intérieur régnait une agréable fraîcheur. L'ambiance était totalement opposée à celle décrite un peu avant, ici, le calme régnait. Il y avait peu de gens, ceux qui n'étaient pas seul avaient au maximum deux personnes pour leur tenir compagnie. La lumière du soleil éclairée, la pièce par différentes fenêtres situaient en haut de chaque mur. Tout était fait de bois, mis à part le contenu du large étalage contenant les diverses boissons mises en vente, juste derrière un long et large comptoir. Cet établissement n'avait rien de pauvre, il était tout à fait banal. C'est bien pour ça qu'il était fréquenté par les brigands les plus influents.

Wade fit danser son regard vers les différents clients. Il s'arrêta lorsque son regard se posa sur deux personnes portant des vêtements d’ouvriers. L'un deux avait son regard perdu dans le vide. L'autre avait entamé un jeu de regard avec Wade. C'était un homme grand, avec une carrure imposante, ses traits étaient durs, sa peau était mate, il avait de petits yeux noirs, des sourcils broussailleux, une moustache tout aussi broussailleuse cachait ses lèvres, son crâne était couvert d'un béret bleu. Il leva son sourcil droit deux fois, avec un intervalle de temps très court. L'adolescent se dirigea vers eux, un grand sourire aux lèvres.

- Oncle Nars !

Ce n'était pas son oncle. Cependant, un adolescent se dirigeant vers deux adultes étaient intriguant, or, pour ces gens, il ne fallait pas être intriguant.

- Je ne t'avais pas reconnu !

Wade prit place aux côtés de l'homme qu'il avait toisé en entrant. L'homme afficha un grand sourire en le voyant s'asseoir, l'autre, les regarda toujours impassible.

- Ça alors ! Comment vas-tu gamin ?

L'homme donna une tape sur l'épaule de l'adolescent, qui profita de ce geste pour sortir la fiole se trouvant dans sa poche et la poser sur une cuisse de l'homme. Sans rompre leur comédie.

- Aie ! Tu me fais mal ! Ça va ! Papa serait ravi que tu reviennes le voir !
- Je le serais aussi, cependant, on a beaucoup de travail ! … C'était ton anniversaire il n'y a pas longtemps, non ? Voilà pour toi !

L'homme posa une petite bourse sur la table, tandis que le deuxième en glissait une autre entre les pieds de Wade, ce dernier récupéra habilement la seconde avec ses pieds, tout en continuant de regarder son faux oncle.

- Merci tonton, c'est super gentil !

L'homme lui sourit puis après avoir lancé un regard à son confrère, reporta son regard sur Wade.

- Je suis désolé, je vais devoir y aller ! On a du travail !

Il se leva et ébouriffa les cheveux de Wade, lui souriant encore une fois.

- Fais attention à toi et à ton père !

Les deux hommes sortirent. Wade les regarda disparaître, puis, il se leva et alla jusqu'au bar. Il n'avait plus grand chose à faire, autant tuer le temps en parlant fort et à dépenser de l'argent fraîchement gagné. Après avoir commandé un verre au barman, Wade scruta l'intérieur du bar. Avec un grand sourire, il se dirigea vers une table qui riait plus que les autres, il y avait une chaise de libre. Tout en demandant s'il pouvait s'asseoir, il tira la chaise vers lui et posa ces fesses dessus, faisant claquer son verre contre la table.

-Allez, racontez-moi des insanités sans nom !