Levi était debout depuis déjà deux bonnes heures. Son réveil matinal lui avait fait le cadeau de pouvoir observer le lever du soleil en sirotant une tasse de thé, assis sur un banc à l’extérieur du QG. Tout cela l’avait étrangement… mis de bonne humeur. Bien qu’il ne souriait pas pour autant.

Aujourd’hui, comme depuis qu’Eren avait intégré les Bataillons d’Exploration, le Caporal devait s’occuper du morveux. Le programme de la journée avait été entièrement planifié depuis une bonne semaine, dans un carnet de note : toute la matinée serait destinée à un entraînement au combat physique et non contre des mannequins ; l’après-midi, nettoyage des cachots où le gamin logeait pour l’instant.

Le soldat s’étira en croisant les bras derrière sa tête, et souffla en regardant s'échapper la petite brume blanche qui s'échappait de sa bouche en cette matinée de printemps. Il repensa au caractère du morveux. Il était un peu moins fougueux depuis que Levi l’avait passé à tabac durant son procès, mais il n’en restait pas moins une tête de mule. Comme c’était le cas du caporal-chef.

Aux alentours de 6h du matin, quand le ciel commençait à se recouvrir d’un pâle voile bleuté, Ackerman se releva du banc sur lequel il était assis depuis une bonne heure, et il se dirigea vers les cachots pour aller réveiller le marmot. En descendant les escaliers en pierre, il s’arrêta un instant, une idée ridicule lui étant venue à l’esprit. Il avait toujours du mal à réveiller le garnement… Cette fois-ci, le réveil d’Eren serait brutal. Un sourire carnassier s’afficha sur le visage de Levi, qui remonta les marches quatre à quatre pour mettre au point sa mauvaise blague. Il était de bonne humeur, oui !

Il se dirigea jusqu’aux éviers de la cuisine, récupéra un seau au passage, qu’il remplit d’eau glacée. Avec un air satisfait, le Caporal s’empara du seau et refit le chemin en sens inverse, descendant cette fois-ci jusqu’aux portes de la Prison souterraine. Le garde salua Levi, qui avait à nouveau enfilé son masque lassé, habituel, et lui ouvrit la porte principale qui émit un grincement interminable… Il faudrait envisager d’huiler ses gonds. A ajouter sur la liste de chose à faire, cet après-midi, tiens.

Levi marcha une vingtaine de pas et se retrouva devant la cellule du morveux, qui pionçait toujours. Il sorti la clef d’une de ses poches, ouvrit la porte de la « chambre » d’Eren (qui grinçait elle aussi ! De l’huile, j’vous dis !), et il s’approcha du lit du gamin, qui n’avait pas encore daigné ouvrir l’œil.

Sans attendre un instant de plus, le Caporal s’empara à deux mains du seau d’eau trèèèès froide et le vida tout entier sur la tête du  soldat. Sans faire attention à la réaction de l’adolescent, il se retourna et se dirigea vers la sortie de la prison, en déclarant simplement d’un ton calme et d’une voix forte :

« Tu as 15 minutes pour te laver, te préparer, t’habiller et me rejoindre aux terrains d’entrainement. Pas une de plus. »

Enfin… Grâce au seau d’eau, Eren était déjà à moitié propre.

Et Levi, fier de sa connerie.

Arrivé sur les terrains, Levi regarde pendant quelques secondes ce qui se trouve autour de lui. Rien ne traine sur la terre battue, les mannequins sont rangés et il n’y a encore personne de présent à part lui. Il se dirige vers le petit abri en bois à quelques mètres de là, construit quelques années plus tôt pour ranger les armes factices et les mannequins d’entrainement, il entre dans le petit cabanon et récupère une cagette en bois, où se trouve quelques faux couteaux taillés dans de l’hêtre, des fusils et pistolets déchargés, mais aussi quelques pierres rondes, mais lourdes, plutôt imposantes. Le soldat attrape la caisse, marche jusqu’au milieu d’un des terrains et pose cette dernière au sol. Il retourne au cabanon et récupère un mannequin de bois qu’il déplace et pose à côté de la cagette qu’il a sorti plus tôt. Ensuite il se dirige vers l’entrée du centre d’entrainement pour attendre Eren, qui ne tarde pas à venir et qui est même, étonnement, en avance de quelques minutes. Il observe les terrains autour de lui, puis prend la parole en le regardant.

« Bonjour, pourquoi m'avez-vous fait venir ici ? »

« Salut gamin. »

Le Caporal se rapproche d’Eren et l’attrape par le bras, le forçant à se déplacer jusqu’au milieu du terrain. Là, il lui tapote les deux épaules des mains et le regarde dans les yeux, le visage impassible.

« J’espère que le réveil n’a pas été trop dur. Ne bouge plus. »

Levi se place en face de lui et s’éloigne de dix pas en arrière.

« Pas de ménage ce matin. Si t’es ici, c’est pas pour rien. Mets-toi en position. » déclare simplement le soldat en répartissant son poids dans ses jambes, avançant la jambe gauche et fléchissant légèrement le genou de cette dernière, en mettant son bras gauche en diagonal, poing devant le visage, et le bras droit au niveau du nombril, les poings fermés et les pouces à l’extérieur. Surtout les pouces à l’extérieur. Il avait appris dès ses premières bagarres que c’était une très mauvaise, de garder le pouce à l’intérieur de son poing fermé lorsqu’on frappait avec. Les os des doigts, ça pète comme des brindilles.

Il attend trois petites secondes, puis fonce sur son cadet en comptant sur l’effet de surprise.

Le premier coup de Levi se situera au niveau du foie d’Eren. S’il le morveux n’arrive pas à parer le coup, le Caporal enchaînera en lui décochant un coup de poing dans l’estomac, puis tournera sur lui-même afin de prendre de l’élan et lui balancer un coup de pied sur les côtes gauche, ce qui mettrait Eren au sol. Là, il l’immobiliserait en lui faisant une clef de bras s’il est tombé sur le ventre, et s’il est tombé sur le dos, Levi l’immobilisera en bloquant ses hanche à l’aide de ses jambes et en maintenant ses bras plaqués contre le sol.

HRP : Petite note bonus au-cas-où tu ne vois pas où Levi peut frapper :

Levi fonce sur le marmot et réussit sans peine à lui balancer ses deux premiers coups de poings dans le ventre. Il ne retient pas ses coups, mais fait tout de même attention à mesurer et maîtriser sa force : il ne souhaite pas casser les côtes du gamin ou lui faire vomir son dîner de la veille, juste lui faire quelques bons bleus et hématomes. Histoire de lui rappeler qu’est-ce qu’un petit combat au corps-à-corps représente, et de le dérouiller. Ça doit faire un petit bout de temps qu’Eren n’a plus eu à se battre à mains nues. Lui faire bouffer la poussière pourrait être plutôt sympathique, mais Levi le fera… en douceur.

Et, malgré les attentes du Caporal, le gamin arrive tout de même à parer son coup de pied grâce à son avant-bras, gâchant la clef maîtresse de son attaque pour l’envoyer au sol. Eren recule de cinq mètres. Bien. Il n’est pas si nul, le petit. Mais son avant-bras aura un bon bleu malgré tout.

« Je suis peut-être un gamin, mais il ne faut pas me sous-estimer ! » déclare le Shifter, un air confiant sur le visage.

Un léger sourire s’affiche sur le visage de Levi l’espace de deux secondes. Être une pipelette quand on se bat, ce n’est pas une bonne idée.

Sans reprendre son souffle, le gamin fonce sur Levi.

*Trop lent.* Le fait d’avoir parlé a laissé quelques secondes au supérieur d’Eren pour se concentrer suffisamment et analyser les  mouvements et donc les coups à venir de son cadet. Levi a effectivement quelque chose qu’Eren n’a pas : l’expérience ainsi que la dureté des combats de rues depuis sa plus « tendre » enfance, son entraînement militaire quotidien et une bonne vingtaine d’année de préparation physique, mais aussi une technique d’analyse qu’on acquiert au fil du temps et qu’on peut appliquer dans les combats, en même temps que son adversaire se prépare à vous attaquer.

Sans trop de difficulté, Levi esquive simplement les coups qu’Eren cherche à lui infliger, en reculant et  sans répliquer. Alors qu’Eren lève un poing vers lui, le Caporal l’interrompt en attrapant fermement son poignet et en lui infligeant une prise de judo venant instinctivement et sans qu’il ait le temps d’y réfléchir : la projection d’épaule sur la gauche. [ → clique] En le faisant tomber au sol, le Caporal prend tout de même garde à ne pas trop blesser le morveux et le rattrape rapidement et fermement par le col de sa chemise, pour que sa tête ne percute pas le sol meuble à pleine vitesse, en même temps que le reste de son corps.

Il le lâche ensuite et recule de quelques pas en croisant les bras sous sa poitrine.

En regardant son cadet au sol, Levi prend la parole  d’une voix calme et se met à tourner doucement autour de lui, en veillant tout de même à ce que l’adolescent ne l’attaque pas d’une manière fourbe.

« C’est vrai, tu ne te démerdes pas si mal que ça. Après tout, t’étais second au corps à corps, dans la 104ème Brigade. Derrière Mikasa. Cependant… Tu n’as pas l’habitude de te battre avec plus petit que toi, et tu n’as pas mon expérience du combat, ni une force ou une vitesse équivalente à la mienne ; pour l’instant. Tes muscles sont encore en train de se développer, contrairement aux miens qui sont formés et usés depuis un bon bout de temps maintenant. »

Levi se place à quelques mètres en face de lui et se met dans une position défensive, les bras levés et les jambes prêtes à se déplacer.

« Malgré mon effet de surprise, tu as réussi à anticiper mon coup de pied. C’est déjà pas mal, tout le monde n’est pas capable de faire ça. Maintenant, à ton tour de m’attaquer. »

Il se tait un petit instant et ajoute, d’un ton pince-sans-rire et avec un humour suspect : « Ah, et bien évidemment, tu n’as pas le droit de te transformer en Titan. Sinon, je te bute sur le champ. Les ordres sont les ordres. »

Le gamin s’est relevé après la phrase à peine terminée de Levi et semble déjà être déterminé à le frapper. Sauf qu’encore une fois, Eren s’est précipité sur le caporal sans analyser la situation.

* Il est trop impatient. *

L’aîné a encore une fois bien rapidement anticipé les gestes prévus par Eren, et les a esquivés sans trop de difficultés. Bien que le coup de pied du marmot en direction des côtes de Levi ait failli le toucher, le Caporal, cette-fois-ci encore, ne riposte pas de suite. Il s’éloigne de plusieurs mètres du Shifter et secoue la tête de gauche à droite, en ne le quittant pas des yeux. Il prend la parole d’un ton calme et le regarde froidement dans les yeux.

« Ecoute ce qu’on te dit, quand on te parle. N’en profite pas pour planifier tes attaques. Tu ne pourras jamais me toucher si tu te précipites et si tu n’analyses pas la situation avant, et ça vaut pour toutes les personnes ayant plus d’expérience que toi. »

Un voile sombre passe l’espace de deux secondes sur le visage du caporal. * C’est que ce con me rappelle Isabel avec sa précipitation et sa spontanéité. *

Sans chercher plus loin, Levi se reprend et fonce sur le gosse en l’entrainant dans un plaquage au sol, comme au rugby. Cette fois-ci, il ne le ménage pas et ne le ralentit pas dans sa chute.
A cheval sur lui, bloquant ses hanches à l’aide de ses genoux et gardant ses poignets plaqués fermement contre le sol, il regarde son élève dans les yeux.

« Tu vois, une seconde d’inattention et voilà ce qui arrive. Si tu te concentrais plus, tu aurais pu m’éviter. »

Le caporal se relève d’un bond et s’éloigne du Shifter en marche arrière, sans le quitter des yeux.

« On va faire autrement. »

Il marche vers le mannequin de bois et le montre de la main.

« Je pense que ça va moins te plaire, mais à partir de maintenant, ta cible c’est ça. Attaque-le comme tu m’attaquais avant. Je vais essayer de voir ce qui ne va pas dans ta façon de faire. »

Le Caporal se déplace à cinq ou six mètres à gauche du mannequin, croise les bras et regarde Eren, en attendant qu’il se décide à suivre les ordres… ou non.